Enfin, serait-on tenté de dire. Projeté au mois de juillet dernier, le démarrage des échanges commerciaux dans le cadre de la ZLECAf a finalement eu lieu ce 1er janvier 2021. Moment historique ! Moment grandiose pour le continent. Le secrétariat de la ZLECAf, établi à Accra, ne s’y est pas trompé en mettant un grand dispositif en ligne pour symboliser le parachèvement d’un processus entamé en 2017.
Il s’agit sans nul doute d’une étape très importante dans la matérialisation du schéma de l’intégration économique africaine dessinée par le traité d’Abuja de 1981. En effet, à travers une cérémonie en ligne qui a vu la participation symbolique de trois chefs d’Etat (Afrique du Sud, Niger et Ghana), du secrétaire général de la ZLECAf Wamkele Mene ainsi que des partenaires tels que la Commission économique pour l’Afrique, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la banque panafricaine d’import-export, Afreximbank, le démarrage des échanges dans le cadre du plus grand accord commercial depuis l’existence de l’OMC, a été rendu effectif.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a comme objectif de constituer un marché unique pour les biens et services au niveau du continent et de rehausser le niveau du commerce intra-africain. Sa mise en œuvre dotera le continent africain d’un espace commercial potentiel avec 1,2 milliard de consommateurs qui atteindront les 2,5 milliards en 2050, d’après les projections.
Avec un PIB global de 3.000 milliards de dollars, une libéralisation du commerce des marchandises à 90% sans aucun droit de douane ni restriction à la frontière, une ambition d’augmenter le niveau de commerce intra-africain de près de 25% à moins terme pour atteindre 52 %, à long terme, la ZLECAf nourrit, aujourd’hui, beaucoup d’espoirs pour les pays africains.
C’est d’ailleurs ce qui fait dire au Président Mahamadou Issoufou du Niger, “champion de la ZLECAf”, que le début des échanges est «l’un des meilleurs cadeaux du nouvel an pour tout le continent ». Il est rejoint par le Secrétaire général de la ZLECAf, Wamkele Mene, pour qui : « Aujourd’hui, l’Afrique commerce dans le cadre de la ZLECAf, c’est l’heure de l’Afrique ».
Madame Vera Songwe de la CEA soutiendra que “S’il est mis correctement en place, la ZLECAf sera le plan qui entrainera des investissements, des innovations rapides et, en fin de compte, une croissance et une prospérité pour l’Afrique”. De son côté, le Président sud-africain Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine, soutiendra que “si le début des échanges représente une étape importante pour le peuple africain, les États membres devront assurer la création d’un environnement propice pour que les jeunes et les femmes du continent puissent profiter des opportunités qu’offre l’Accord”.
Cet immense espoir se heurte, cependant, à un contexte incertain de pandémie liée à la COVID 19, qui avait occasionné le report du démarrage des échanges commerciaux, alors projeté au mois de juillet 2020. Il se heurte également à la lancinante question des règles d’origines notamment aux questions en suspens. Ce qui fait d’ailleurs que tous les états ne pourront pas démarrer en même temps les échanges commerciaux du fait des listes de concessions tarifaires à déposer au niveau du secrétariat de la ZLECAf.
Il est donc nécessaire de finaliser tout le processus afin que la Zone de libre-échange continentale, l’un des projets phares de l’Agenda 2063 de l’UA, puisse constituer un cadre commun pouvant réaliser une croissance inclusive et un développement durable pour l’Afrique au cours des cinquante prochaines années.